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Venez donc un peu leur faire visite, et contempler leur sérénité sublime, vous Parisiennes et Parisiens trop élégants et trop futiles, qui vous plaignez que la guerre s’éternise. Oh ! vous êtes patriotes, je le sais bien, mais, si vos sentiments risquaient un jour de se lasser ou de s’émousser, venez donc un peu vous retremper ici ! Ou tout au moins, quand ces soldats du front viennent en permission dans votre Paris, défiez-vous, comme d’une faute infiniment grave, de les révolter par des airs de joie et de bien-être. La patrie est en danger, vous savez, et la mort est à vos portes… Si les Allemands ont commis une de leurs lourdes bêtises en envoyant sur Londres des avions pour assassiner des petits enfants, au moins ont-ils été plus habiles en n’envoyant à Paris que des agents de corruption, de sinistres discoureurs[1]

Et vous, les Neutres, qui ne rougissez pas de laisser commettre tant d’abominations, destinées d’ailleurs à retomber sur vous plus tard, venez donc vous promener par ici, au milieu de nos ruines, — que vous ne vous

  1. Ceci, est-il besoin de le rappeler, était écrit en 1917.