Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/263

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entre par les fenêtres de la chambre ; maintenant les cheveux de soie blanche, qui s’échappent de l’éclatante calotte rouge, à contre-jour brillent tout à fait, ont l’air lumineux, font comme un nimbe autour de la vénérable figure dans l’ombre. Et la voix devient magnifique ; on sent qu’elle a pu remplir l’immense nef comme le son des orgues ; j’ai bien devant moi l’archevêque de Reims, tel que mon imagination l’aurait conçu.

— Oh ! songer, dit-il, qu’ils ne comprennent même pas, ces pauvres sauvages, à quel point ils soulèvent le dégoût du monde entier… Vous le savez, ils continuent ! Depuis hier les obus incendiaires recommencent d’arriver en rafales, — et Reims brûle toujours !

Le voici debout, redressé, tête haute, et son exaltation s’élève jusqu’à la haine sacrée, jusqu’à l’anathème…

Oh ! misérable kaiser, que poursuivent déjà les malédictions de tant de milliers de mères et d’épouses, misérable petit kaiser, qui avait espéré se grandir un peu par l’énormité de ses tueries, je le plains d’avoir encouru pour surcroît l’anathème de tous les chrétiens, formulé ici par ce prêtre !