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Elles ont installé un atelier de couture pour les petites filles.

Oh ! les pauvres petites, de huit à dix ans, que j’ai vues là, pâlies par les séjours dans les caves, au temps où l’on bombardait, abruties par les longues frayeurs, et voûtées par le rude travail précoce que les Allemands leur imposaient, car ils les employaient comme servantes (?) dans leurs tranchées. Pour les redresser, ces dernières, les fées qui songent à tout ont mis dans leur ouvroir des appareils de gymnastique.

Elles ont installé une crèche pour les bébés sans maman, qui à cette heure font la sieste dans leurs berceaux. Elles m’en désignent un qui vient de se réveiller :

— Sur la naissance de celui-ci, disent-elles, il y a un drame. C’est, hélas ! un petit Boche.

Le drame, je le devine. Il n’est sans doute pas bien méchant encore, tout Boche qu’il est, car il les a reconnues et il leur sourit en leur tendant ses petits bras.

Elles ont installé une hôtellerie avec une salle à manger pour les nouvelles revenantes, celles qui, à leur retour, ne trouvent plus de toit à leur maison, ou même plus de maison