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que tout autre.) Dans les mouroirs, donc, de longs supplices commencent pour eux : une ignoble nourriture que refuseraient des chiens, juste de quoi ne pas mourir trop vite ; des travaux accablants, que les plus malades même, à force de coups, sont obligés d’essayer d’accomplir ; de misérables loques, qui les couvrent à peine par les plus grands froids ; des châtiments corporels qu’aucune imagination française n’aurait jamais conçus, entre autres la pendaison par les pieds, jusqu’à l’heure où le râle semble commencer. Et enfin, la propagation voulue, systématique de la tuberculose, le couchage sur des litières de fumier souillées par l’expectoration des phtisies… Tous les moyens sont bons aux mains des Barbares pour anéantir, ou tout au moins dégrader physiquement, cette race qui fut saine et vigoureuse.

En 1916, le typhus s’étant déclaré dans l’un de ces lamentables camps de prisonniers, au lieu de leur porter secours, on fit fermer leurs baraquements. Quand on se décida cependant à les rouvrir, on y trouva environ neuf mille cadavres pêle-mêle. Alors, pour essayer tout de même de cacher ce crime,