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J’arrive enfin au but qui m’était assigné.

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Me voici maintenant devant ces fameuses carrières, qui s’enfoncent jusqu’aux entrailles du sol et où les Boches se croyaient inexpugnables ; elles avaient des piliers terriblement trapus, des voûtes ultra-épaisses, faites pour ainsi dire d’une seule masse de pierre ; elles ressemblaient à des constructions cyclopéennes, à des repaires pour colosses. C’est de là que, pendant tant de mois, ils s’étaient figuré nous terroriser à fond, par des tirs féroces qui émiettaient de loin nos villes et nos villages. Et les voici démolies, leurs cavernes ; depuis hier s’entassent en chaos les quartiers de roche qui sont tout déjetés, tout chavirés, ou même projetés de droite et de gauche par blocs monstrueux ; et on se représente ce qui a dû se passer là-dessous, à l’heure de notre grand martelage vengeur, quels formidables écrasis de Barbares ! Et ce qu’il faudra de temps par la suite, pour visiter, expurger ces profondeurs sombres, qu’ils ne nous cèdent qu’après les avoir empoisonnées d’ordures, de vermine et de cadavres !