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cartes murales peintes en fresques ; là sont figurées les Indes, la Chine, l’Afrique extrême, les contrées presque fabuleuses en ce temps-là, d’où la République vénitienne tirait ses richesses inouïes, alors que le reste de l’Europe ne les soupçonnait pas encore.

Tout ce palais avait tranquillement duré des siècles, à peine effleuré par l’incursion légèrement dévastatrice de Napoléon Ier, et le voici menacé d’un subit anéantissement par ces pluies de fer qui de nos jours tombent des nuages ! Partout d’ailleurs, le long des majestueuses salles, veillent des tas de cendre, dans chacun desquels une pelle est plantée toute prête, et c’est en prévision des incendies, hélas ! très probables, pour plus vite les éteindre… Ô civilisation ! Ô progrès !…

La basilique de Saint-Marc, malgré sa stupéfiante caisse d’emballage, est toujours ouverte au culte, et on n’y a peut-être jamais autant prié. La vaste et magnifique place aux façades de marbre, qui lui sert comme de parvis extérieur, n’a plus ses foules cosmopolites, et on a fermé ses magasins jadis