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grimpeurs, nous avons un téléférique qui vous élèvera encore de huit cents mètres (à peu près trois fois la tour Eiffel). Et c’est l’affaire de dix minutes.

Soit ! Mais le wagonnet de téléférie, ici, n’est guère engageant. Tous ceux que j’avais vus ailleurs étaient des espèces de petites corbeilles, très acceptables en somme pour un trajet dans les airs. Celui-ci est une simple planche, comme un dessus de table sans le moindre rebord ; on y a sa largeur et sa longueur, à peine plus ; on s’y assied, ou on s’y couche, au choix ; comme c’est une planche qui doit cheminer un peu inclinée, il y a tout de même, du côté des pieds, une barre de bois où l’on peut s’arc-bouter des talons, afin de ne pas glisser. Pour des gens affligés de vertige, ce genre de wagonnet-là serait infiniment plus à redouter qu’un avion, dans lequel au moins on est assis sur un fauteuil et maintenu jusqu’à mi-corps par quelque chose de solide qui, en cas d’étourdissement, vous empêcherait toujours d’aller vous écraser sur le sol. Tandis qu’ici, rien. On m’avertit du reste qu’une fois lancé je n’aurai plus la possibilité de m’arrêter, car