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broussaille sous un amas de branchettes. Tout cela, avec un bruit d’ouragan, se lance sur les pentes les plus raides, écrasant les pierres ou les arbrisseaux. Et il en passe ainsi plusieurs, qui coupent au plus court vers les sommets, en narguant ces jolies routes planes, encore nécessaires à nos autos démodées.

Nous dépassons des tranchées, que l’on a dû l’une après l’autre abandonner pour en creuser de nouvelles, à mesure que se développait l’offensive italienne, refoulant plus loin l’ennemi. Non seulement elles ont été plus dures à creuser qu’ailleurs, ces tranchées toujours dans le roc vif, mais combien dures aussi à habiter pour les braves Alpins de l’Italie ! L’été, elles sont comme aujourd’hui presque intenables à force d’être brûlantes. Et l’hiver, ah ! l’hiver, quand les nuages aux obscurités lugubres enveloppaient la montagne dans leurs suaires, elles formaient des espèces de compartiments étanches d’où l’eau ne s’écoulait plus ; les continuelles pluies glacées, qui dans ce pays succèdent presque sans transition aux chaleurs de septembre, s’y amassaient comme