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cœur, fort distinguée dans son enfantillage, elle serait vraiment jolie si elle était mieux ajustée, s’il ne manquait à sa toilette le je ne sais quoi indéfinissable. Elle me comprend très bien, celle-ci, et corrige avec un charmant petit sourire, chaque fois que je fais quelque énorme faute en dégosarimas.

Quand finit la valse du Beau Danube bleu que nous dansions ensemble, je m’inscris sur son carnet pour deux valses suivantes : au Japon cela peut se faire.

Au rez-de-chaussée, en plus des fumoirs, des salons de jeu, des vestibules ornés d’arbustes nains et de gigantesques chrysanthèmes, il y a trois grands buffets fort bien servis, — et on y descend de temps à autre par l’escalier que borde la belle haie triple de fleurs blanches, jaunes et roses. Sur les tables couvertes d’argenterie et de pièces montées, gibiers truffés, pâtés, saumons, sandwichs, glaces, tout se trouve en abondance comme dans un bal parisien bien ordonné ; des fruits d’Amérique et du Niphon sont rangés en pyramides dans d’élégantes corbeilles, et le champagne est des meilleures marques.

La préciosité japonaise se rappelle, dans ces buffets, par des bosquets de poupée, en treillage doré avec pampres artificiels, où sont accrochés d’excellents raisins : on en détache soi-même les grappes que l’on désire offrir à sa danseuse, et ces