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à la porte ce qu’il y avait de mieux dans le genre, les grandes élégantes de la capitale, les seules sachant déjà porter nos tenues d’Europe.

À dix heures, entrée de l’ambassade du Céleste-Empire : une douzaine de personnages superbes, aux yeux moqueurs, dépassant de la tête toute cette minuscule foule japonaise. Chinois de la belle race du Nord, ils ont dans leur démarche, sous leurs soies éclatantes, une grâce très noble. Et puis ils font preuve de bon goût, ceux-ci, et de dignité, en conservant leur costume national, leur longue robe magnifiquement brochée et brodée, leur rude moustache retombante et leur queue. Avec des sourires contenus, tout en jouant de l’éventail, ils font le tour de ces salons et de cette mascarade, puis s’en vont, dédaigneux, s’isoler en plein air, s’asseoir sur une terrasse à balcon qui domine le jardin illuminé, la fête vénitienne. Dix heures et demie : entrée des princesses du sang et des dames de la cour. Par exemple, c’est une entrée surprenante, celle-ci, autant qu’une apparition de gens d’un autre monde, de gens tombant de la lune ou bien de quelque époque perdue du passé.

C’est pendant une pastourelle, sur un air de Giroflé-Girofla ; on voit apparaître deux groupes de petites femmes, petites, petites, pâlottes et de sang épuisé, s’avançant avec des airs de fées lilli-