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haie blanche, une haie jaune, une haie rose. Dans la haie rose, qui couvre la muraille, les chrysanthèmes sont grands comme des arbres, et leurs fleurs sont larges comme des soleils. La haie jaune, placée en avant, est moins haute, et fleurie par grosses touffes, par gros bouquets d’une éclatante couleur bouton d’or. Et enfin, la haie blanche, la dernière, la plus basse, fait comme un parterre tout le long des marches, comme un cordon de belles houppes neigeuses.

En haut de cet escalier, quatre personnages — les maîtres de céans — attendent, avec des sourires, les invités à leur entrée dans les salons. Je prête peu d’attention à un monsieur en cravate blanche, décoré de plusieurs ordres, qui est le ministre sans doute ; tandis que je regarde curieusement tout de suite les trois femmes, qui se tiennent debout auprès de lui, la première surtout qui doit être évidemment la « comtesse ».

En chemin de fer, tout à l’heure, on m’a dit son histoire, à cette dame : une ancienne guécha (danseuse de louage pour les fêtes nippones) ayant su tourner la tête à un diplomate en voie de passer ministre, s’étant fait épouser, et chargée maintenant de faire les honneurs de Yeddo au monde officiel des légations étrangères.

J’attendais donc une créature bizarre, portant toilette à la chien savant… et je m’arrête surpris