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échange autour de moi quelques mots d’approbation : « Cet étranger est vraiment un bon jeune homme. »

Tous les assistants murmurent à voix basse de longues prières et, de temps à autre, frappent dans leurs mains pour rappeler autour d’eux les Esprits distraits. Quelquefois un prêtre se lève, va tout au fond du temple, monte un précieux escalier de laque rouge, et salue, là-haut, le plus grand des miroirs qui pose sur une gerbe de fleurs d’argent. Alors, tous les autres bonzes tombent la face contre terre ; derrière chacun d’eux, traînent la queue de sa robe blanche et les deux pointes de ses manches pagodes ; ainsi aplatis sur le sol, ils ressemblent à de grandes bêtes ailées, dont on ne comprend plus la structure. Là-bas, dans la demi-obscurité, on voit courir sur les étagères, parmi les vases et les symboles, des petites choses grises, empressées, furtives, qui sont des rats et des souris.

Et pendant tout l’office, un prêtre, au moyen d’une bande d’étoffe blanche qui descend d’en haut, agite une sorte de monstrueux grelot de cuivre pendu à la voûte ; il en sort un bruissement voilé, lointain, inconnu, qui semble le bourdonnement d’une énorme mouche…