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Des hommes en grande robe bleue ; d’autres, jambes nues, montrant leur derrière. Des bonzes à sonnettes, drapés dans un flot de mousseline brune, figures invisibles sous d’immenses chapeaux pointus, marchant à pas lents, la main tendue pour mendier, au bruit continuel de leurs mille petites cloches. Des bandes d’enfants, se tenant par la main avec des airs d’importance : petits garçons bien potelés ; petites filles habillées déjà comme les dames avec des fleurs et de grosses épingles dans leurs chignons de poupée ; toujours jolis, ces bébés japonais, qui deviendront si laids plus tard ; et puis très comiques, avec le retroussement exagéré de leurs yeux d’émail, avec l’ampleur de leurs robes bariolées, avec l’imprévu de leurs tonsures de cheveux, laissant par places des petites mèches impayables.

Il y a maintenant des boutiques de marchands de thé, où les familles nippones viennent s’asseoir. Beaucoup de kiosques religieux renfermant toutes sortes de choses. Dans l’un, demeure un gros taureau noir, bête sacrée, qui paraît d’humeur farouche ; sa litière est d’une propreté minutieuse, il est attaché par des cordes de soie blanche, et, dans ses naseaux, est passé un mors de sûreté incrusté de nacre. Un autre contient une voiture pour les dieux, ciselée magnifiquement ; c’est ce taureau noir qui la traîne,