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reins, sont superbes de nerfs et de muscles, absolument sculpturales sous leur peau jaune.

Jamais fatigués, jamais haletants, les djin. Dans les montées seulement, un peu de sueur leur perle sur la poitrine ; alors ils enlèvent leur veste. Ils poussent des cris dans les foules, pour avertir que nous passons ; mais ils courent toujours, au risque d’accrocher les gens.

Je vis en parfaite intelligence avec Kalakawa, mon djin de flèche ; il entre avec moi dans les temples, chez les marchands, et m’explique beaucoup de choses, dans un japonais très clair que je comprends sans peine. Il est très gentil et sait bien l’histoire, la théologie, les légendes. L’autre, Hamanichi, celui d’entre les brancards, est taciturne et revêche ; nos rapports, bien que courtois, sont d’une certaine froideur, même un peu tendus.

Tout s’assombrit, les quartiers deviennent plus déserts et plus morts, à mesure que nous approchons de « Kita-no-tendji », le grand temple shintoïste du Bœuf. C’est très loin, très loin, presque à la campagne, tout au bout d’un long faubourg triste. Une heure au moins de course échevelée en djin-richi-cha, pour arriver à l’entrée.

C’est du vieux Japon, par exemple, ce faubourg, du très vieux, du vermoulu, du noirâtre. Les maisonnettes de bois ont des aspects branlants et