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Et ce temple nouveau ne le cédera, ni en grandeur ni en magnificence, à ceux du passé. Une forêt de colonnes est là, disposée par terre, et pour chacune d’elles il a fallu choisir à grands frais quelque arbre rare et gigantesque. L’agencement de toutes ces pièces de bois est préparé avec un soin minutieux, une précision d’horlogerie ; les mortaises, les tenons finement taillés sont enveloppés dans des étuis provisoires en bois blanc qui en prennent très exactement les contours de peur que la pluie, ou la main des passants, ou le soleil ne nuisent plus tard à leur étonnant ajustage. Et sans doute, quelque part, une armée d’ouvriers cisèle des vases et des girandoles, confectionne des dieux magnifiques ayant les attitudes immuables et les sourires d’il y a mille ans.

Mes djin sont petits, comme tous les Japonais ; coiffés, comme presque tous les djin, d’un chapeau large en forme d’ombrelle ; habillés d’une veste à manches pagodes, très courte de taille, comme nos plus courts vestons, et bariolée d’une façon saugrenue, ayant dans le dos un tas de choses écrites en grosses lettres nippones. Pas de pantalon ni de chemise ; une étroite bande d’étoffe, nouée d’une façon très particulière, joue pour eux l’office confié chez nous aux feuilles de vigne, ou plus anciennement aux feuilles de figuier. Du reste, ces jambes, nues jusqu’aux