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VIII

La nuit tombée, il y a, dans un quartier spécial, l’Exposition des femmes, qui est une chose amusante.

Rien de cet air triste, honteux, que prend la prostitution dans nos pays d’Occident. Ici cela se passe avec une impudeur inconsciente, une bonhomie enfantine et drôle. Les jeunes personnes exposées sont alignées en devanture, derrière de petites barrières en bois ; assises, très parées, très éclairées par des lampes ; blanches comme du linge blanc, à force de poudre de riz mise à paquets sur les joues ; les yeux agrandis de noir, et ayant, sous la lèvre d’en bas, un rond de peinture rouge qui leur fait comme l’exagération de ce qu’on appelle chez nous « la bouche en cœur ».