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entré. Tant de figures de dieux, de figures souriantes, ou mauvaises, ou funèbres, grimaces immobiles, contorsions figées, symboles inquiétants. Dans l’esprit tout cela finit par se mêler, se confondre, se déformer comme en rêve.

De tous ces temples, les plus lugubres sont ceux du dieu du riz. Tout petits toujours, presque en miniature, ils se tiennent cachés dans des recoins, ou sous des arbres, avec des airs de demeures malfaisantes ; ils sont d’une simplicité, d’une rudesse voulues qui contrastent avec le luxe raffiné des autres. À leurs grillages de bois sont accrochés, noués partout, des morceaux de papier contenant des prières ou des sorts.

Au dedans de ces temples, on ne trouve jamais que des renards blancs, assis sur leur derrière dans la même pose consacrée, oreilles droites, comme les chacals, avec l’intérieur peint en rose ; museau blême, rusé, méchant ; lèvres retroussées en rictus de mort, sur des dents fines qui tiennent un mystérieux petit objet doré ; posés sur des autels en miniature, ils se regardent entre eux, — et quelques-uns tombent en poussière…

Je ne sais pas bien ce que représente cette petite chose dorée, toujours la même, qui se retrouve entre toutes les dents pointues de ces renards des temples.