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branle. Boum !… boum !… Un son caverneux, effroyable, prolongé en puissantes vibrations d’orchestre, et qui doit s’entendre dans toute la ville sainte.

Alors dans l’assistance, c’est une joie, un délire ; on n’en revient pas, tout le monde en rit, tout le monde en est pâmé.

Quand le soir approche, on est un peu ahuri par tant de choses singulières que l’on a vues ; un peu fatigué par ces courses folles dans le petit char sautillant qui vous a heurté à toutes les pierres de la route. On est lassé surtout de la monotonie sans fin des petites rues japonaises, de ces milliers de mêmes petites maisonnettes grises, ouvertes toutes, en hangar, comme pour montrer leur contenu pareil, leurs mêmes nattes blanches, leurs mêmes petites boîtes à fumer, leurs mêmes petits autels voués aux ancêtres. Et puis ces odeurs de race jaune, de cuisine au riz, de musc, de je ne sais quoi, vous écœurent. Et tout ce monde se retournant pour vous regarder comme une bête de ménagerie ; ces rassemblements de jeunes femmes curieuses, formés tout de suite si l’on s’arrête : minois pareils, jaunes, enfantins, à tout petits yeux mignards, à traits vagues comme une ébauche. Et constamment cette politesse, et constamment ce rire. À la longue un agacement insurmontable vous vient de toutes ces choses.

Et tant de temples, tant de temples où l’on est