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— Tu peux monter, disent-elles, sans être accompagné, nous avons confiance, voici le trou par où l’on passe.

Et je commence à grimper, enchanté d’être seul, par des séries d’échelles droites ayant pour rampes des bambous que les mains humaines ont longuement polis. La tour est en bois, comme toutes les constructions japonaises ; les poutres antiques sont littéralement couvertes, du bas jusqu’en haut, d’inscriptions à l’encre de Chine : les réflexions des visiteurs, sans doute, mais je ne sais pas les lire et c’est dommage, il doit y en avoir de si précieuses !

À l’étage supérieur, une armoire-à-bouddha dans un coin. Je l’ouvre, pour regarder le dieu qui l’habite : il paraît très âgé et caduc, affaissé dans son lotus, avec un sourire mystérieux sous une couche de poussière.

De cette galerie d’en haut, on voit, comme en planant, la ville immense, étendue en fourmilière sur la plaine unie, avec son enceinte de hautes montagnes où les bois de pins et de bambous jettent une admirable teinte verte. Au premier coup d’œil on dirait presque une ville d’Europe ; des millions de petits toits avec des tuiles d’un gris sombre, qui jouent les ardoises de nos villes du Nord ; çà et là des rues droites, faisant des lignes claires au milieu de cette couche de choses noirâtres. On cherche malgré soi des églises, des