Page:Loti - Japoneries d’automne, 1926.djvu/305

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

turelles, et dans les parties encore claires, sur les hauteurs, les arbustes à feuillages rouges et les arbustes à feuillages violets exagèrent leurs teintes, jusqu’à la complète invraisemblance des paysages peints.

Puis voici que tout à coup le soleil, promenant un dernier rayon oblique dans ce lointain assombri où l’impératrice est déjà rendue, rencontre encore une fois son petit cortège et l’illumine en plein d’une lueur absolument pourprée. — C’est l’adieu par exemple ; aussitôt tout s’éteint ; puis, à un tournant, sous les grands arbres, déjà dans le noir, le cortège disparaît pour jamais.

Et c’est aussi un lambeau du vrai Japon qui vient de s’évanouir là, à ce tournant de chemin, qui vient d’entrer dans l’éternelle nuit des choses passées, — puisque ces costumes, ni ce cérémonial, ne se reverront plus…

Nous nous en allons, nous aussi, à travers les jardins déjà pleins d’ombre, qui semblent s’agrandir avec l’obscurité, où il fait froid et où nous nous sentons une petite troupe plus perdue.

Dans les couloirs du palais, étroits comme des souricières, qu’il faut retraverser pour sortir, il fait nuit close, et on n’a pas prévu l’éclairage. À la porte, au vestiaire où nous reprenons nos manteaux, c’est le tohu-bohu quelconque d’une fin de fête européenne ; quelques dames d’honneur sont