tout le domaine des idées et des sentiments, un seul point de contact ? Pendant que s’échangent ces niaiseries d’enfant, elle sourit, l’impératrice, d’un air très fin et assez doux. Avec une curiosité féminine, — et déjà, hélas ! avec un vague dessein de copier cela bientôt pour elle-même, — elle examine de haut en bas la toilette de la dame étrangère ; — puis la congédie d’un signe de tête condescendant, d’un petit salut qui agite les deux ailes noires de sa chevelure. Et « mademoiselle Nihéma », avec de grands froufrous d’étoffes lourdes, s’en va chercher la dame suivante.
Cependant l’air, qui a été chaud tout le jour,
se refroidit ; un petit souffle de soir d’automne
remue les tentures du kiosque et nous fait frissonner
légèrement. La table est d’ailleurs en
désarroi ; les pièces montées sont en déroute et les
pâtés aussi. C’est la fin. L’impératrice se lève,
ouvre sa grande ombrelle violette, bien qu’il n’y
ait presque plus de soleil, reprend son air d’impassible
bouddha, et se retire suivie du même cortège, —
au son du même hymne recommencé derrière
les bambous pour sa sortie. Aux rayons
rougeâtres du couchant, la mystérieuse cour
s’éloigne, reprend, à travers les jardins bas, ce
même chemin bordé de cèdres sombres par où elle
nous était arrivée il y a une heure, si éclatante de
soieries et de soleil.