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quelles timidités sauvages peut-être, se cachent sous ce petit masque poudré et souriant de déesse en train de déchoir !…

« Mademoiselle Nihéma », la noble interprète, est déléguée, dans le courant du repas, pour aller appeler à tour de rôle et amener devant le fauteuil impérial les quatre ou cinq Européennes conviées à cette fête (femmes des ministres de France, d’Angleterre, d’Allemagne, de Belgique, et de Russie). Elles se tiennent un moment debout près de la souveraine, qui les interroge d’une voix à peine perceptible.

« Mademoiselle Nihéma » traduit en français, avec son accent d’une bizarrerie distinguée : ce sont de ces questions stupéfiantes de naïveté voulue, comme les fées d’autrefois en devaient faire aux mortelles qui s’aventuraient sur leurs domaines. (Cette phrase que je viens d’écrire n’a guère de sens que pour moi-même, j’en ai peur, mais elle exprime si bien l’impression que ces causeries m’ont laissée !)

« L’impératrice demande si vous vous plaisez au Japon ?

« L’impératrice demande si vous aimez les fleurs de nos jardins ?

« L’impératrice désire que vous vous trouviez heureuse dans son pays. »

Mon Dieu, que dire autre chose, entre femmes de races si différentes, n’ayant peut-être pas, dans