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gradins en terre que recouvre une imperceptible mousse unie et comme passée au rouleau ; chaque pied n’a qu’une seule tige, et chaque tige n’a qu’une seule fleur. — Mais quelle fleur ! plus grande que nos plus grands tournesols, et toujours d’une nuance si belle, d’une forme si rare : l’une a des pétales larges et charnus, disposés de telle façon régulière qu’on dirait un gros artichaut rose ; sa voisine ressemble à un chou frisé, d’une couleur fauve de bronze ; une autre encore, du jaune le plus éblouissant, a des milliers de petits pétales minces qui s’élancent et retombent comme une gerbe de fils d’or ; il y en a qui sont d’un blanc ivoire, d’autres d’un mauve pâle, ou bien du plus magnifique amarante ; il y en a de panachées, de nuancées, de mi-parties. Et on se rend compte du travail qu’a coûté cette production de fleurs géantes en regardant de près les à peine visibles supports qui montent le long des tiges, se bifurquent sous ces feuilles, soutenant celles qui seraient trop lourdes, ou bien pinçant et arrêtant la sève chez celles qui se développeraient trop vite.

Les petites fées aux longs vêtements de colibris regardent avec nous ces collections, mais d’un air de condescendance distraite ; comme il fait plus chaud, elles agitent, ouvrent et referment constamment leurs éventails de cour, qui sont bien les plus grands éventails connus ; sur les soies