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certaines avenues que nous ne devons probablement pas regarder, il y a de grands voiles noirs tendus, masquant tout ; de grands voiles noirs en crêpe, à bords blancs, comme des ornements de deuil.

Il fait presque chaud sous ce soleil de novembre, qui éclaire d’une lumière douce très pure et cependant un peu atténuée.

Nous stationnons à un rond-point sablé, autour duquel s’élèvent des constructions légères en bambou, drapées et voilées de crépons de soie d’un violet tendre (couleur réservée aux souverains comme était autrefois la pourpre en Occident) ; sur tous ces voiles lilas, des chrysanthèmes héraldiques blancs étalent leurs larges rosaces étranges.

Ce sont des expositions de fleurs. Sous ces abris et sous ces tentures impériales, il y a des collections de chrysanthèmes qui sont naturels, mais qui n’en ont pas l’air ; des chrysanthèmes merveilleux, en l’honneur desquels Leurs Majestés nous ont conviés ; de très surprenants chrysanthèmes dont rien ne peut donner idée dans nos parterres d’automne[1]. Avec une régularité géométrique, ils sont plantés en quinconces, sur des

  1. Ceci est écrit en 1886. Aujourd’hui on obtient en France des chrysanthèmes qui se rapprochent davantage de ceux du Japon.