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qu’elle portait, sans le moindre embarras, une toilette Louis XV, blanc crème, à paniers. — Mais était-ce au bal qu’elles étaient déguisées, — ou bien est-ce aujourd’hui ?…

Notre troupe, qui s’est augmentée de quelques nouveaux venus, et qui est maintenant d’une trentaine de personnes à peu près, vient d’arriver, sans aventures ni encombres, dans un grand compartiment blanc, espèce de salon d’attente qui doit donner sur les jardins. Aucun meuble dans ce salon, cela va sans dire, ni aucun siège ; seulement, à chaque angle, posée parterre, s’élève une incomparable potiche de Satsouma, de cinq ou six pieds de haut, dont le couvercle est surmonté d’un monstre souriant ; et sur la blancheur virginale des murs, sont jetés comme au hasard, trois ou quatre phénix d’or, envolés, qui se poursuivent.

Il est à peine deux heures et demie, et l’impératrice, nous dit-on, ne paraîtra qu’à trois heures. Les officiers du palais, qui sont là avec nous, et les petites fées aux reflets changeants, nous invitent à aller l’attendre là-bas, au fond du parc, sur certaine colline où la fête doit se passer.

Alors les panneaux de papier transparent glissent sur leurs rainures, s’ouvrent, et les jardins apparaissent. Un beau soleil tranquille les éclaire. L’enchantement commence.