Page:Loti - Japoneries d’automne, 1926.djvu/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parce qu’on sait où l’on est : dans le lieu du monde le plus raffiné peut-être et le plus rare, malgré sa simplicité voulue, qui n’est qu’un, masque. Évidemment ce palais, derrière ses derniers et plus profonds panneaux de papier, doit recéler des hôtes étonnants et de merveilleuses richesses.

Elle se joint à nous, la vieille petite fée, mystérieusement souriante, après un gentil salut presque ironique. Et ensuite il en surgit une autre, — et une autre encore ; leurs soies, qui sont splendides, qui sont des merveilles orientales, ont des nuances et des éclats différents ; des éclats qui, dès qu’elles se rapprochent, semblent s’exaspérer par contraste, si l’on peut dire ainsi, et devenir métalliques, presque lumineux.

Et puis elles sont jeunes, ces deux dernières, — et même jolies, ce qui est assez rare pour des Japonaises.

Tiens ! l’une d’elles, que, sans son gracieux sourire, je n’aurais pas reconnue dans sa tenue de cour, est la « comtesse Inouyé », la femme du ministre des affaires étrangères ; je ne l’avais vue qu’au bal, dans une toilette parisienne violet mourant à longue traîne, qu’elle portait du reste avec une aisance du meilleur aloi… Et l’autre aussi, la plus jeune, je l’ai rencontrée ! — La « marquise Nabeshima ! » Je crois même que j’ai eu l’honneur de valser une fois avec elle, un soir