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m’aider et pour me voir ; de plus, les fenêtres donnent sur le jardin d’une maison voisine, et là, deux dames nippones qui se promenaient dans les allées en miniature s’arrêtent pour regarder aussi.

Un premier repas léger, servi tout à fait à l’anglaise avec accompagnement de thé et de tartines beurrées, et puis je fais comparaître deux djin que je loue au prix fixé de soixante-quinze sous par tête et par jour ; pour cette somme-là ils courront du matin au soir à ma fantaisie, sans s’essouffler ni gémir, en m’entraînant avec eux.

Ces courses en djin sont un des souvenirs qui restent, de ces journées de Kioto où l’on se dépêche pour voir et faire tant de choses. Emporté deux fois vite comme par un cheval au trot, on sautille d’ornière en ornière, on bouscule des foules, on franchit des petits ponts croulants, on se trouve voyageant seul à travers des quartiers déserts. Même on monte des escaliers et on en descend ; alors, à chaque marche, pouf, pouf, pouf, on tressaute sur son siège, on fait la paume. À la fin, le soir, un ahurissement vous vient, et on voit défiler les choses comme un kaléidoscope remué trop vite, dont les changements fatigueraient la vue.

Comme c’est inégal, changeant, bizarre, ce Kioto ! Des rues encore bruyantes, encombrées de djin, de piétons, de vendeurs, d’affiches bario-