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grand bois sacré un peu funèbre, fermé aux yeux profanes.

Une porte sinistre peinte en noir et surmontée d’une toiture grimaçante dont les angles ébauchent vaguement des formes de monstres ; c’est la porte Impériale. Elle nous donne accès dans une grande cour dallée, une espèce de place plutôt, où un silence subit succède à la clameur de la ville, et où plane je ne sais quelle imposante et oppressante tristesse. Il y a là des gardes, vêtus comme nos huissiers ou nos suisses, qui s’empressent effarés, qui courent sans faire de bruit ; il y a des chevaux de selle tenus en main par des laquais, il y a quelques équipages sombres et corrects, ayant amené des princes ou des ministres. On sent qu’une agitation règne sous ce silence, mais on dirait quelque deuil qui se réunit, quelque mystère qui se prépare plutôt qu’une fête et une fête de fleurs.

Aucun luxe aux abords de l’immense résidence. Le « palais », — si palais il y a, — qui occupe le fond de cette cour, ressemble à n’importe quelle maison japonaise, ni plus haut, ni moins simple, — plus étendu seulement, couvrant en longueur beaucoup d’espace.

À l’entrée, des laquais en livrée européenne, frac noir et gilet rouge, reçoivent les manteaux des invités, et distribuent des numéros japonais sur des petits cartons. Et puis il faut passer indi-