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Je l’ouvre, et j’en retire un carton d’un blanc ivoire, timbré, lui aussi, d’un chrysanthème héraldique d’or et encadré d’une fine guirlande de chrysanthèmes ordinaires à feuillages d’or. L’aspect de cette invitation fait, à lui seul, présager quelque chose de rare et d’exquis. Au milieu, il y a naturellement un indéchiffrable grimoire, qui est disposé en petites colonnes verticales et dont la lecture, au rebours de toutes nos notions, doit être faite de haut en bas.

Cela signifie : « Par ordre de Leurs Majestés l’empereur et l’impératrice, j’ai l’honneur de vous inviter à venir au jardin du palais d’Akasaba voir les fleurs de chrysanthème.

Signé : Hito Hirobouni, ministre du palais. » Le 4e jour du 11e mois de la 18e année Mesgi (9 novembre). »

Et un second carton, plus petit que le premier, porte ces indications pratiques : « Les voitures devront entrer par la porte Impériale. S’il pleut le 9, la fête sera le 10 ; s’il pleut le 10, la fête sera supprimée. »

C’est à Yeddo, cela va sans dire, qu’il faudra se transporter pour voir cette fête des chrysanthèmes, qui est de tradition antique. Avec la fête des cerisiers en avril, c’est la seule occasion où l’impératrice puisse être aperçue, et seulement par un petit nombre de privilégiés, au fond de ses jardins. Il y a peu d’années encore, paraît-il, elle