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comme un gros chien, tous les fidèles qui passent jettent des baguettes d’encens, et il en sort en spirale une fumée odorante qui s’en va flotter aux voûtes, parmi l’enchevêtrement des chimères et des girandoles, comme un nuage.

Au fond du temple, dans un recul plein de mystère, à la lueur de hauts lampadaires magnifiques, dans une demi-obscurité voulue, derrière des colonnes et des barrières ajourées, à travers un fouillis de lanternes, de bannières, de brûle-parfums et de gerbes de lotus en bronze, on aperçoit confusément les dieux, qui sont des colosses au sourire assez calme, se détachant sur des fonds en laque d’or.

Il y a toutes sortes de choses extraordinaires et vénérables dans ce lieu ouvert où, depuis des siècles, tant de générations japonaises sont venues prier et apporter des dons. Il y a d’effrayants tableaux, accrochés partout, jusqu’au plafond, où on ne les voit plus ; il y a des bannières couvertes de broderies, suspendues comme des ex-voto ; il y a des images et des statues possédant des vertus tout à fait miraculeuses.

Dans une niche se tient un bouddha, fameux dans le Japon tout entier comme guérisseur de maux incurables. Il suffit de toucher la partie de ce personnage en bois correspondant à celle que l’on veut guérir, puis de poser aussitôt la même main sur son propre mal, — et cela passe, paraît-