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haute et sombre, peinte en rouge sanglant comme l’extérieur ; les portes en sont relativement basses pour laisser, suivant l’usage, de l’obscurité et du vague à la voûte élevée, d’où pendent d’énormes girandoles de métal et où de vieilles diableries s’esquissent dans l’ombre. Très peu de recueillement sous cette colonnade de cèdres, où les groupes circulent et causent, éclairés par des reflets d’une lumière d’hiver rasant le sol. Il serait même nécessaire « de chasser les vendeurs » de ce temple, car il y a contre tous les piliers des changeurs d’argent, des marchands d’images, de livres religieux ou de fleurs. Des bébés vont et viennent, courent, s’appellent, avec des petites voix plus sonores ici et plus bruyantes. Des pigeons volent en tous sens, pour se percher sur les lanternes, sur les hampes des bannières, mêlant au murmure des conversations le bruit ronflant de leurs ailes : il y a aussi le son des pièces de monnaie, des offrandes continuellement lancées, et tombant dans des troncs carrés à clairevoie semblables à de grandes cages ; et puis, de côté et d’autre, devant des autels privilégiés, devant certaines images, certains symboles, on entend de ces rapides claquements de mains, pan pan, qu’on fait pendant la prière pour appeler l’attention des Esprits.

Dans un gigantesque brûle-parfums de bronze, sur le couvercle duquel ricane un monstre gros