Page:Loti - Japoneries d’automne, 1926.djvu/243

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Je passerai cette dernière après-midi à la Saksa, lieu de pèlerinage et d’adoration, de foire et d’amusement, où il y a foule tous les jours, et le dimanche surtout. — Mais c’est à l’autre bout d’Yeddo ; il va falloir perdre, en petit char, au moins deux heures.

Des rues et des rues ; des ponts et des ponts, sur une quantité de canaux qui se croisent et se recroisent ; tout cela mesquin, grisâtre, uniforme.

La ville occupe une sorte de vaste plaine ondulée ; ses quelques collines, trop petites pour y faire un bon effet quelconque, sont juste suffisantes pour y mettre du désordre ; elle est parsemée d’espaces vides, de terrains vagues pleins de poussière ou de boue ; elle est coupée d’enceintes fortifiées, de longs remparts en pierre grise bordés de fossés où poussent des lotus. Tout cela lui donne une étendue démesurée. Sans compter le palais du Mikado qui y occupe tant de place, avec ses jardins impénétrables, ses bois d’arbres séculaires, le tout entouré d’épaisses murailles, comme une forteresse.

Les principales voies sont droites, assez larges. Maisonnettes à simple rez-de-chaussée, rarement à un étage, et presque toujours en bois, en vieux bois noirâtre. Les boutiques ont conservé la forme