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entourent en carré les champs de riz, ces fleurs abondent, formant partout comme d’élégantes bordures de plumes.

Petites stations à noms bizarres ; à côté des bâtisses du chemin de fer, à côté des tuyaux et des machines apparaissent, très surprenants, des vieux temples à toit courbe, avec leurs arbres sacrés, leurs pylônes de granit, leurs monstres.

Il est disparate, hétérogène, invraisemblable, ce Japon, avec son immobilité de quinze ou vingt siècles et, tout à coup, son engouement pour les choses modernes qui l’a pris comme un vertige.

La première grande ville sur la route, c’est Oasaka, où l’on s’arrête. Ville marchande ; peu de temples, des milliers de petites rues tracées d’équerre, des canaux comme à Venise, des bazars de bronze et de porcelaine ; une fourmilière en mouvement.

D’Oasaka à Kioto, mêmes campagnes vertes, mêmes cultures plantureuses, mêmes chaînes de montagnes boisées. C’est monotone et le sommeil me vient.

À l’avant-dernière des stations, monte dans mon compartiment, avec de gracieuses révérences, une vieille dame du monde comme il faut, qui semble échappée d’un écran à personnages. Dents laquées de noir, sourcils rasés soigneusement ;