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que le silence de la nuit se fait dans le bois plein d’enchantements…

On est très obséquieux à la maison-de-thé, quand je rentre le soir ; l’hôte, mes coureurs et les jeunes servantes s’empressent à délacer mes guêtres et mes bottines, me tirant les jambes en tous sens. Et puis, en pieds de bas, je monte dans ma chambre de papier, par le tout petit escalier luisant qui craque et tremble.

C’est l’heure du bain ; quelqu’une des servantes, qui court toute nue sous la véranda, une lanterne d’une main, une serviette de l’autre, prête à se plonger dans l’eau tiède, s’arrête pour s’informer si je n’irai pas me baigner, moi aussi. Mon Dieu, cela dépend ; j’en ai grande envie, mais comme la cuve est commune à tout le monde, je désire m’assurer d’abord s’il n’y a pas parmi les voyageurs quelques messieurs nippons avec qui cette promiscuité me serait pénible. — Non, rien que des voyageuses, ce soir, rien que des dames ; c’est déjà un grand point. Une mère de famille, encore à la fleur de l’âge, et ses deux filles d’une quinzaine d’années, toutes trois avenantes, saines et fraîches. Alors, oui, je serai de la partie.

Donc, il faut redescendre, à l’aide d’une lanterne et d’une paire de socques appropriés à la circonstance, il faut traverser le jardin, pour gagner