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Plus loin, au bord de ce même sentier des bois, une grotte, marquée d’une inscription bouddhique, ouvre dans une roche son trou obscur. Horreur ! elle est jonchée par terre de cheveux humains, jonchée de ces longues mèches noires, rudes et grasses, qui poussent sur les têtes japonaises. À quel usage est-elle donc, cette grotte, et qu’est-ce qui peut bien s’y passer ?…

Plus loin encore, beaucoup plus loin et plus haut, dans une sorte de large cirque tapissé de verdure, neuf cascades dégringolent à la fois, toutes semblables et lancées côte à côte dans le vide.

Et enfin, dans une région très élevée où j’arrête ma promenade, un grand lac mystérieux s’étend, à je ne sais quelle hauteur au-dessus du niveau des mers, entre des montagnes et des forêts profondes où ne se voit plus aucune trace des hommes.

Revenant de ma longue course, le soir, au baisser du soleil, j’aperçois là-bas, au même point où je l’avais rencontré au départ, le petit bonhomme qui m’avait fait une révérence si belle. Il a toujours sa petite poupée de frère sur son dos, et il est posté comme pour me saisir au passage, sachant bien que je n’ai pas d’autre route de retour.

Il m’a vu, et il vient à moi, traînant ses pauvres