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sont là, s’éveillant pour rentrer à bord. En route, j’en croise des nôtres qui reviennent, leur nuit finie, se carrant comme des seigneurs dans leur djin-richi-cha[1]. Incertains de me reconnaître dans la demi-obscurité, ils m’ôtent leur bonnet au passage.

Au bout de ces rues joyeuses, c’est la gare. Le jour se lève. Un drôle de petit chemin de fer, qui n’a pas l’air sérieux, qui fait l’effet d’une chose pour rire, comme toutes les choses japonaises. Ça existe cependant, cela part et cela marche.

Au guichet, on examine avec soin mon passeport, qui serait presque un bibelot tant il y a dessus de petits griffonnages drôles. Il est en règle et on me délivre mon billet. Très peu de monde ; c’est surtout le public des troisièmes qui donne, et dans ma voiture me voilà installé seul.

Cela s’ébranle à tous ces bruits connus de sifflets, de cloches, de vapeur, qui se font au Japon comme en France, et nous sommes en route.

  1. Djin-richi-cha, petite voiture à une place, traînée par un homme coureur.