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dernière cour, à laquelle tant de splendeurs aboutissent.

Dans un autre quartier de la forêt, le temple de l’âme divinisée d’Yemidzou est d’une magnificence à peu près égale. On y arrive par les mêmes séries de marches, de petits phares ciselés et dorés, de portiques de bronze, d’enceintes de laque ; mais le plan d’ensemble se démêle moins bien, parce que la montagne est là plus tourmentée. Les gardiens du seuil, au lieu d’être des vieillards somnolents et pâles assis dans des fauteuils, comme chez Yeyaz, sont deux colosses de dix-huit pieds, debout, nus, musclés comme l’Hercule Farnèse, l’un à peau rouge, l’autre à peau bleue, tous deux horribles, gesticulant, menaçant de la main levée, menaçant du regard, du rire moqueur et des dents pointues qui semblent grincer. Après eux, plus loin, il faut passer encore entre deux autres épouvantes : le dieu du Vent et le dieu du Tonnerre, géants aussi, et furieux, le rire atroce et la main prête à frapper.

Et puis viennent les mêmes portes merveilleuses, fouillées à jour, laquées et dorées ; les mêmes pléiades de « chiens-célestes » et de chimères ; les mêmes enchevêtrements fantastiques de chevrons et de gargouilles sous les hautes toitures en bronze ; les mêmes murailles d’or.

Au dedans, un étincellement d’or pareil à celui