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des cèdres. Toujours en pente, elles sont bordées maintenant de rampes à balustres, en granit revêtu des plus délicieuses mousses ; on dirait qu’on a garni toutes les mains courantes avec un beau velours vert. Et de chaque côté de la voie sablée, courent invariablement de minces ruisseaux, clairs et frais, qui joignent leur bruit de cristal à celui que font dans le lointain les torrents et les cascades.

À une hauteur de cent ou deux cents mètres, nous arrivons devant l’entrée de quelque chose qui doit être magnifique : au-dessus de nous, sur la montagne, dans le fouillis des branches, s’étagent des murailles, des toitures en laque et en bronze, avec un peuple de monstres, partout perchés et étincelants d’or. Devant cette entrée, il y a une sorte d’esplanade, d’étroite clairière où tombe un peu de soleil. Et voici que dans ce rayon lumineux passent, sur les fonds sombres, deux bonzes en costume de cérémonie : l’un, en longue robe de soie violette avec surplis de soie orange ; l’autre en robe gris perle, avec surplis bleu de ciel ; tous deux portant la haute coiffure rigide en laque noire dont l’usage est presque perdu. (Du reste les deux seuls êtres humains rencontrés par les routes pendant tout notre pèlerinage.) Il se rendent probablement à quelque office religieux et, en passant devant l’entrée somptueuse, ils s’inclinent en saluts profonds.