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le village et comme les grands bois d’alentour. À présent que c’est fini, tous ces rires, un immense calme solennel, qui enveloppait déjà ce pays perdu, pénètre peu à peu ma chambre, où la lampe discrète, dans sa guérite de papier, éclaire vaguement les images du mur, les guerriers qui se battent, et les chimères qui, du haut des nuages, les regardent.

Un bruit lointain, continu, que j’avais remarqué tout à l’heure, augmente de minute en minute, maintenant que les petites voix humaines se sont tues et que les mouvements ont cessé : on dirait des torrents, des cascades…

L’air un peu lourd, chauffé par les braseros de bronze, se refroidit : on sent que la nuit de novembre doit être piquante dehors, avec sans doute de la gelée blanche sur les toits.

Le bruit de cascades s’affirme de plus en plus ; il semble s’être rapproché, il est devenu très net dans ce silence.

Il me berce, et je m’endors, — en songeant à cette Sainte Montagne qui est là tout près, à ces mystérieuses merveilles que je verrai demain.