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L’appartement, cela va sans dire, n’a que des parois en papier. Sur deux de ses faces, un papier opaque formant de grands panneaux pleins. Sur les deux autres, un papier mince, soutenu par un quadrillage en bois léger qui le divise en une infinité de petits carreaux transparents ; c’est par là que, dans le jour, arrive la lumière ; ces châssis délicats sont du reste mobiles, peuvent s’ouvrir comme nos fenêtres vitrées et donnent sur des vérandas que l’on ferme la nuit par des panneaux en bois plein, suivant l’usage universel des maisons japonaises. Près de moi, sur le plancher, pose une petite guérite, en papier également, haute comme un théâtre à guignol ; elle renferme la lampe qui brûlera jusqu’au matin, à demi voilée, veillant sur mon sommeil, éloignant de moi les mauvais Esprits qui flottent toujours dans l’obscurité. Avec le vase de fleurs et les nattes blanches, c’est tout ce que contient ma chambre à coucher. Pour orner les murs, quelques longs tableaux étranges, peints sur des bandes de soie et montés sur des baguettes en bambou, descendent du plafond ; ils représentent des guerriers, livrant des batailles terribles auxquelles s’intéressent les monstres du ciel, tous penchés pour regarder à travers les nuages…

Très laides, ces pauvres petites qui me tiennent compagnie ; l’envie de dormir leur diminue encore plus les yeux, et elles sont tout en joues, en