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mes coureurs, en poussant des cris, m’enlèvent avec une vitesse furieuse. Disparaissent alors sous un nuage de poussière, les auberges, les bariolages, la foule ; tout ce qui est l’avenue de la gare, et le quartier neuf. Puis nous franchissons un pont courbe, sur une rivière pleine de lotus, et le vieux Utsunomya défile à son tour : ici, des rues tortueuses, des maisonnettes en bois noirâtre où se fabriquent activement d’innombrables petites choses drôles : socques à patins pour les dames, cerfs-volants pour les demoiselles, bonbons, lanternes, parasols et guitares.

C’est très grand, très étendu et, malgré tout, cela passe vite et nous voici dehors dans la campagne.

Beau soleil sans chaleur ; temps de novembre, lumineux et cependant mélancolique.

Après deux ou trois kilomètres de chemins ordinaires, à travers une plaine cultivée, nous nous engageons enfin dans cette route unique au monde, qui fut tracée et plantée il y a cinq ou six cents ans pour mener à la Montagne Sainte les longs cortèges funéraires des empereurs. Elle est étroite, encaissée entre des talus qui font muraille ; son luxe incomparable est dans ces arbres gigantesques, sombres, solennels, qui la bordent de droite et de gauche en doubles rangées compactes. Ce sont des Cryptomérias (les cèdres japonais) assez semblables, pour les dimensions excessives