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Bientôt deux heures. Une grande ville paraît, le train s’arrête.

— Utsunomya ! Tout le monde descend de voiture ! (Cela se crie en japonais naturellement.)

Il fait déjà plus frais qu’à Yokohama : on sent le changement de latitude, et de plus nous nous sommes éloignés de la mer, — qui toujours réchauffe.

Au sortir de la gare, s’ouvre une rue large et droite, toute neuve, improvisée sans doute depuis l’installation du chemin de fer, mais très japonaise tout de même : boutiques de bonbons, de lanternes, de tabac et d’épices, avec beaucoup d’enseignes à bariolages étranges, beaucoup de banderoles flottant au bout de longues hampes ; maisons-de-thé en bois blanc bien neuf ; petites servantes drôles, aux aguets devant les portes, roulant des yeux en amande. Sur la voie, encombrement de chars-à-bras et d’hommes-coureurs.

Au milieu de cette foule nippone, notre train venu de la capitale jette un instant son déballage de jaquettes et de chapeaux melon, qui bientôt se disperse, se mêle, disparaît dans les magasins et les auberges.


Pas une minute à perdre, si je veux cette nuit même arriver à la Sainte Montagne, et coucher à Nikko, la ville des grands temples.