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rinage que je fis à cette Sainte Montagne, par de belles journées de novembre, par un temps d’été de la Saint-Martin déjà froid, mais tranquille et pur.

D’abord le départ de Yokohama, la ville de tous les pays et de tout le monde ; départ très banal, en chemin de fer, par le train de six heures trente du matin.

Un peu drôle tout de même, ce chemin de fer japonais, avec ses longs wagons étroits, où, dans le plancher, sont percés de distance en distance des crachoirs pour les petites pipes des dames.

Le train file vite, au milieu de campagnes fertiles. Mes quarante premières lieues se feront ainsi, il y en aura pour sept heures environ. Puis, vers deux heures de l’après-midi, à Utsunomya, une grande ville du Nord, je descendrai forcément parce que la voie ferrée finit là. Et je continuerai mon voyage en petit char roulé par deux hommes-coureurs, comme cela se pratique au Japon où les voitures sont encore inconnues.

Dans mon compartiment, deux autres voyageurs : un colonel japonais et la noble dame son épouse.

Lui, qui dans sa première jeunesse a dû porter armure effrayante, casque à longues antennes et masque de monstre, est correctement sanglé aujourd’hui dans un uniforme européen : culottes ajustées, dolman de cavalerie à brandebourgs, large casquette plate à la russe, gants de peau de