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qui semblent des repaires pour les mauvais Esprits de ce pays si étrange où nous ne savons rien comprendre.



Aux dernières lueurs de ce crépuscule, nous faisons halte devant une pauvre maison-de-thé, isolée au bord d’un chemin creux. Une jeune fille, rieuse et mignonne, qui est là toute seule, allume les bougies de nos lanternes rondes et nous vend, en éclatant de rire, des bonbons poivrés blancs et roses, pas frais, entamés par les mouches.

Puis, la nuit nous prend tout à fait, la nuit épaisse, sans étoiles. Nos coureurs nous roulent vite tout de même, les uns tirant, les autres poussant, avec des cris parfois pour s’exciter, et nous nous engourdissons dans une espèce de sommeil, ayant très froid.

Seconde halte, bien longtemps après, vers dix heures, dans une autre auberge où nous descendons pour nous chauffer une minute à un brasier, en compagnie de pauvres hères de mauvaise mine, et où nos coureurs se font servir des bols de riz.

Encore une heure de route, cahotés dans la nuit noire.