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planchette, ses grands étriers, ses étriers de combat rappelant ceux de quelque chef arabe de nos jours ; — et puis, derrière un rideau, la boîte, — la boite qui renferme sa robe !

Mais il ne fait déjà plus bien jour dans cette loge, pour une pièce blanche de plus, on va nous faire voir cela dehors, les bonzes vont emporter ce coffre, à deux, comme un cercueil.

Sur l’esplanade, où donne encore le soleil couchant et où passent des rafales d’un vent froid, la boîte est déposée, ouverte, — et on en retire un paquet long, enveloppé d’un linceul de soie blanche…

… J’attendais quelque étoffe lourde et magnifique, chamarrée d’or et de pierreries, qu’on me montrerait lentement avec des précautions extrêmes, — et je reste saisi devant une masse diaphane, de nuance pâle et neutre, que le vent déploie d’un seul coup, me lance presque au visage, — et d’où se détachent, s’échappent des flocons soyeux qui s’éparpillent sur l’esplanade triste, — comme si la chose avait l’inconsistance d’un nuage.

Trop de vent ici, en vérité, pour une si précieuse relique qui, au moindre contact, se déchire et s’émiette. Les bonzes l’emportent encore, toute flottante et légère, sous la véranda du temple, à l’abri de la muraille en bois de cèdre.

C’était presque une déception à première vue ;