Page:Loti - Japoneries d’automne, 1926.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sionnées par des rires horribles, ayant une vie intense dans leurs yeux de verre ; figures de vieux cadavres affamés de chair vivante. Un surtout, un des plus anciens, qui appartenait au souverain prêtre Yoritomo (XIIe siècle) nous glace de son regard effroyable et de son rire. Ses traits ne sont pas japonais ; il ressemble à Voltaire, à un Voltaire déterré et macabre ; son expression est d’une ironie triomphante, comme après quelque chose d’atroce qu’il vous aurait déjà fait ou qu’il méditerait de vous faire avec la certitude de réussir…

Tout est tellement disséminé, dans cette sorte de musée poussiéreux, qu’il semble d’abord y avoir très peu d’objets. — Dans un dernier recoin, des vases grossiers, de forme inconnue, des choses primitives dont on ne sait pas l’usage… À quelle époque doivent-ils remonter ces débris, pour avoir des aspects si rudes dans un pays où le raffinement des formes et de la matière date déjà de quelques milliers d’années !



Enfin, elle est ouverte, la loge qui renferme les reliques de l’impératrice guerrière, — et nous y entrons, précédés de deux bonzes. — Presque rien, dans ce compartiment ; tout seuls sur une