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pièces blanches distribuées suffisent ; on va nous ouvrir toutes les portes, tous les rideaux et toutes les boîtes.

Ces bâtiments, qui entourent sur trois faces l’esplanade du temple, sont une série de petites loges séparées où l’on garde des choses inestimables, des reliques sans prix.

Dans une première salle, ce sont des chaises à porteurs pour les dieux, laquées et dorées avec un art exquis. Dans une autre, c’est une grande déesse de la mer, coiffée d’un portique sacré comme d’une couronne murale ; ses doigts délicats sont posés sur les cordes d’une longue guitare, — et cette musique qu’elle semble faire symbolise le bruit des vagues sur les plages.

Puis toutes sortes de souvenirs des guerriers ou des saints bonzes : l’encrier et des spécimens de l’écriture du grand prêtre Nitchiren, qui fut célèbre vers le XIIIe siècle ; des épées, des sabres précieux ayant appartenu à des empereurs. — Les poignées en sont fleuries de chrysanthèmes d’or ; les lames, d’une trempe merveilleuse qu’on n’a plus retrouvée, ont été enduites d’une couche de laque qui les préserve contre la rouille des siècles.

Notre temps passe à regarder ces étonnantes choses, et le soleil baisse. Cette robe d’impératrice, où est-elle donc ? Sans doute on nous la garde pour la fin, comme la pièce la plus rare et