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sion a une tranquillité et un mystère qui imposent : ce grand sourire de bronze qui, de vingt ou vingt-cinq mètres de haut, tombe sur la terre est bien le sourire d’un dieu.

Une petite porte sournoise, ouverte à son flanc, nous donne accès dans son corps, — qui est une salle bizarre aux parois de métal, très sombre, ayant forme d’intérieur humain. Quelques idoles sont là, remisées au hasard, comme des débris en un grenier. Dans le menton, se tient un vieil Amiddah tout doré, debout devant un nimbe d’or ; dans une oreille, est un Kwanon-aux-quarante-bras, qui gesticule férocement ; ils sont trois ou quatre autres dans une épaule, abandonnés à la poussière et aux vers. Par une échelle nous montons jusqu’à deux petites fenêtres qu’on a percées dans les omoplates et qui regardent le fond ombreux, le fond désert de la vallée. — De là, il me paraît que le soleil est déjà bien bas, ne dorant plus que la cime des arbres. Nous aurons perdu tout notre temps à ce Grand-Bouddha ; les bonzes du temple des « Huit-Drapeaux » doivent être rentrés. Pourvu que nous n’arrivions pas trop tard pour voir cette robe d’impératrice qui était pour moi le seul attrait du voyage. Allons-nous-en bien vite.

Nous partons, par un raccourci que les coureurs nous indiquent, à travers bois, derrière l’immense idole, — et de temps en temps nous