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fraîche semée de feuilles jaunes, — et les cigales chantent comme en été…

Au dessert, une fâcheuse nouvelle nous arrive par un de nos coureurs : les prêtres gardiens des « Huit-Drapeaux » sont en pèlerinage à quelques lieues d’ici et ne rentreront qu’à la tombée du jour ; personne là-haut pour nous ouvrir les portes, ni les coffrets de laque où sont enfermées les reliques.

Il faut nous promener ailleurs, en attendant qu’ils reviennent. Dans cet étrange bois où nous sommes, les choses curieuses à voir ne manquent pas ; entre autres il y a le « Grand-Bouddha » de bronze, qui est une des idoles les plus énormes du Japon. Nous irons, faute de mieux, lui faire une visite.



Nous voilà donc errant à pied, sous ces arbres aux ramures maniérées et légères que les Japonais excellent à peindre en les exagérant. Par des petits sentiers solitaires, fleuris de scabieuses, où nos coureurs reposés nous servent de guides, nous cheminons sans conviction, et un peu déçus, vers ce Grand-Bouddha de bronze. Partout des temples, dans ce dédale de petites vallées où fut Kamakura ; en arrivant dans cette région de verdure, nous ne les avions pas vus, nous ne nous en