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sein la promesse d’un héritier pour le trône — et son époux, qui pendant cette longue campagne avait gardé le palais, s’étonna d’abord ; mais l’impératrice lui expliqua comment les dieux, sur sa prière, avaient retardé de trente-six mois sa gestation. Elle mourut bientôt en donnant le jour à un petit empereur qui, dès l’âge de trois ans, alla rejoindre sa mère dans les demeures éternelles. Après leur mort, les prêtres réunirent leurs deux âmes en une seule qu’ils divinisèrent sous ce nom mystique « les Huit-Drapeaux » et le peuple japonais leur consacra un grand temple, dans lequel sont conservées, depuis dix-sept siècles, leurs saintes reliques.



Pour aller visiter ce temple des « Huit-Drapeaux », il faut faire plusieurs lieues, en char-à-bras, dans des campagnes vertes, tranquilles, solitaires, sillonnées par des chaînes de collines basses qui les découpent en petites vallées innombrables et pareilles.

Puis, tout à coup, quand on est très près d’arriver, la vallée où l’on court se fait plus grande et plus large, entre des contreforts de collines plus hautes. En même temps, l’ombre s’épaissit et l’on pénètre sous une voûte d’arbres